Avec la collaboration de Caroline VOLPI, Sage Femme

Nous travaillons ensemble pour aider les futurs Maman dans ses éventuelles angoisses ou difficultés émotionnelles qu’elles peuvent rencontrer lors :

            . De trouble de la fécondité,

            . D’angoisse durant la grossesse,

            . D’une suite de couches,

            . D’un trauma lié à un accouchement,

            . De trouble de l’attachement.

C'est un des aspects de la maternité le plus mal compris par le grand public. Pourtant, huit femmes sur dix connaissent le "Baby blues" dans les jours qui suivent l'accouchement.

Quasiment toutes les jeunes mères vivent des moments de déprime,

Une femme sur dix subit une "dépression postnatale" : maladie qui justifie un traitement médical et/ou psychothérapeutique,

Une femme sur mille succombe à une forme extrême de dépression postnatale, la "psychose puerpérale" qui nécessite une hospitalisation immédiate.

Pourquoi ce manque de compréhension ?

Les recherches médicales dans le domaine de la dépression postnatale sont relativement récentes. Il aura fallu attendre que la médecine maîtrise enfin les infections postnatales mortelles (première cause de mort en couches jusqu'en 1950) pour que des études approfondies soient entreprises sur les difficultés psychiques du post-accouchement.

Malheureusement, la plupart des femmes n'osent pas admettre leur désarroi. Notre société persiste à croire en l'image de la jeune mère rayonnante et comblée. Dès sa naissance, l'enfant devient centre du monde et l'on s'intéresse moins à la mère, pour qui les suites de cet heureux événement ne sont pas toujours idéales. Les jeunes mères aussi ont tendance à s'oublier et à penser uniquement au bien-être de leur bébé.

Dans le grand public, les termes et les symptômes sont souvent confondus. Il est courant d'entendre parler d'une dépression postnatale lorsqu'il s'agit simplement d'un "Baby blues", état dépressif passager clairement défini par ses symptômes. Ces confusions banalisent les dépressions plus graves et découragent les jeunes mères de chercher une aide spécialisée.

Inversement, il est tellement dit que le "Baby blues" est normal et passager qu'une femme peut s'imaginer que son trouble plus grave n'est qu'une forme du "Blues" qui passera avec le temps.

Comment distinguer une fragilité psychique passagère d'une véritable dépression postnatale ?

Comment savoir si une intervention spécialisée est nécessaire ?

Quelles mesures entreprendre soi-même ?


Le "Baby Blues"

Fréquence dans la population : 8 femmes sur 10.

Date d'apparition des symptômes : entre le 3e et le 11e jour après l'accouchement.

A noter : lorsque le bébé est prématuré et doit rester en unité néonatale, le "Baby blues" ne se déclenche généralement que lorsque la mère récupère son enfant - quelquefois jusqu'à 2 mois plus tard.

Durée : de quelques heures à 7 jours.

Symptômes :

. Crises de larmes pour des raisons en apparence superficielles.

. Sauts d'humeur.

. Hypersensibilité aux critiques.

. Difficultés à se concentrer.

. Irritabilité, anxiété sur son aptitude à savoir s'occuper du bébé.

. Difficultés à se lier au nouveau-né.

. Sentiments d'accablement, de vulnérabilité, de découragement.

. Troubles du sommeil.

Les Causes :

1 - Causes hormonales et de fatigue     

Hormonales : Pendant la grossesse, le corps de la future mère secrète des hormones nécessaires à l'évolution normale de la grossesse - notamment des œstrogènes et de la progestérone. Les taux de progestérone 30 à 50 fois plus élevés qu'en temps normal ont un effet "euphorisant" car cette hormone bloque l'action des substances qui agissent sur le centre des émotions du cerveau en déclenchant des réactions dépressives. Lorsque le placenta est expulsé à la fin de l'accouchement, les taux d'hormones chutent en quelques heures. La brutalité de ce bouleversement est un choc pour le corps. Le cerveau et les émotions sont inévitablement affectés, surtout en cette période postnatale où la jeune mère est particulièrement sensible. Il faudra plusieurs mois pour que le corps retrouve son équilibre hormonal.

A noter : Certains spécialistes, remarquant que la prolactine (l'hormone nécessaire au processus de fabrication du lait maternel) entrave à la production normale d'œstrogènes et de progestérone, découragent les femmes déprimées d'allaiter. Il faut savoir toutefois que le corps d'une jeune mère produira de la prolactine qu'elle allaite ou non. De plus, l'allaitement est une importante source de satisfaction et de communication pour une mère, surtout si elle a des difficultés à se lier au nouveau-né ou si elle s'inquiète sur son aptitude à savoir s'occuper du bébé.

La fatigue : La fatigue entraîne la déprime. Or, la plupart des jeunes mères sont épuisées immédiatement après leur accouchement. A la fatigue s'ajoutent souvent la tension nerveuse de l'accouchement, la souffrance si les suites de couches sont douloureuses, le bruit et les perturbations du milieu hospitalier.

2 - Les causes émotives

L’incertitude : L’arrivée du bébé peut déclencher une crise de "confiance en soi," même si la jeune mère pense avoir bien préparé la naissance. Le sentiment maternel tout neuf est fragile. Quasiment toute jeune mère doute de ses capacités à un moment ou un autre. Cette nouvelle responsabilité peut paraître terrifiante. Et la quantité d'informations (souvent contradictoires) qu'elles reçoivent leur fait oublier qu'elles doivent se fier avant tout à leur instinct et à leur bon sens.

Les Regrets : Peu de femmes réalisent à quel point une des principales émotions ressenties après un accouchement peut être le regret ou la déception: l'accouchement ne s'est pas déroulé comme prévu (césarienne, épisiotomie, forceps, bébé en unité néonatale….), le père ne s'est pas comporté comme elle l'avait espéré, la perte du statut de petite fille ou de femme enceinte.

Les traitements :

Le "Baby Blues" n'est pas une maladie. Il se "traite" donc par :

Le repos : Une meilleure gestion de l'entourage. C'est un des rôles les plus importants du père dans les jours qui suivent l'accouchement. Il peut filtrer les visites, prévenir la famille et les amis de l'état "fragile" de la mère, prendre en charge les taches domestiques et les aînés, s'assurer qu'elle se sent aimée et choyée.

Si la jeune mère le désire, elle ne doit surtout pas hésiter à parler à un psychologue (de plus en plus de maternités en ont un rattaché au service).

Par contre, si les larmes persistent au-delà de 2 semaines, il peut s'agir d'une dépression. Une consultation médicale est alors indispensable.


La "déprime" fragilité psychique passagère

Fréquence dans la population : presque toutes les jeunes mères.

Date d'apparition des symptômes : dès le retour à la maison. Pire généralement vers la 8e semaine lorsque le manque de sommeil pèse le plus.

Durée : disparaît au bout de 8 à 12 semaines lorsque le bébé a un rythme établi, sauf dans des cas spéciaux (jumeaux, graves problèmes de santé, etc…).

Symptômes :

. Fatiguée mais se sent mieux après quelques bonnes nuits de sommeil.

. Larmes coulant à la moindre frustration, au moindre obstacle.

. Souvent distraite, oublie facilement.

. Néglige les tâches ménagères. La maison, les autres enfants apparaissent comme des charges très lourdes. Sentiment de ne plus d'en sortir.

. Démoralisé mais fait de son mieux.

. Se sent isolée/coupée du monde extérieur.

. Irritable.

. Sensibilité aiguë aux événements de son entourage.

. S'interroge sur sa capacité à être une "bonne mère." Se sent coupable du manque de confiance en elle.

. Néglige sa tenue (ou reporte tout son souci de coquetterie sur le bébé).

. Habitudes alimentaires irrégulières.

. Peu ou aucun intérêt sexuel.

. Symptômes physiques liés à la fatigue (mal au dos, mal au ventre, mal à la tête).

Les causes :

Les causes physiques

. La fatigue : C'est la cause première de la déprime passagère des jeunes mères qui souffrent toutes plus ou moins gravement d'un manque de sommeil.

. Les hormones : Dès l'accouchement terminé, la brutalité de la chute des taux d'hormones de la grossesse affecte le système limbique du cerveau d'où sont contrôlées les émotions. Ce choc physique sera plus ou moins bien vécu en fonction de la fragilité psychique de chaque femme. Le corps ne retrouvera son équilibre hormonal qu'au retour de couches ou, en cas d'allaitement prolongé, après le sevrage.

. La douleur : Des suites de couches pénibles ou autres pathologies (coccyx déplacé, hémorroïdes, troubles de l'allaitement) affaiblissent le corps, troublent le sommeil et "sapent" le moral.

. La thyroïde : Un mauvais fonctionnement thyroïdien (assez courant chez les jeunes mères) peut entraîner une sensation de léthargie, de la mélancolie, des maux de tête, une sensibilité aiguë au froid, des difficultés à parler, une absence de règles et la chute de cheveux.

. L'anémie : Causée par une diminution du nombre de globules rouges dans le sang, elle entraîne une carence en fer qui aggrave la fatigue et donc l'impression de "déprime."

. Une carence en potassium : Elle se traduit par un sentiment de lassitude.

Les causes émotionnelles

. L'impression de "perdre contrôle de sa vie" : Certaines femmes, surtout des mères tardives qui ont connu des carrières professionnelles, sont habituées à maîtriser tous les aspects de leur vie. Avec l'arrivée du bébé, une certaine part de chaos, d'incertitude s'introduit dans leur vie. Pour d'autres jeunes mères, c'est la succession de tâches domestiques jamais terminées et l'impossibilité de s'en "échapper" de manière spontanée qui paraît si contraignant.

. L'impression d'être en compétition avec d'autres femmes ou avec sa propre mère (à qui elle veut prouver soit qu'elle est capable de mieux faire, soit qu'elle peut faire exactement l'opposé) va mener à la frustration et à la déception. Parfois, lorsque la femme est trop perfectionniste, elle risque de paniquer si les réactions de son enfant n'entrent pas dans des cases bien définies. Or le bébé est un individu à part entière, ayant des rythmes et des besoins différents de ceux de sa mère.

. Un sentiment de culpabilité de ne pas être une "bonne mère" :  Les mères aujourd'hui sont bien plus inquiètes de l'épanouissement de leurs enfants, de leur développement émotionnel, de leur environnement, que ne l'étaient leurs mères et grand-mères. Submergées d'informations parfois contradictoires, elles sont devenues dépendantes de l'avis des spécialistes et oublient leur instinct maternel et propre bon sens.

Les causes socio-économique

. L'isolement ou le sentiment de perdre son identité de femme lorsque la jeune mère se retrouve seule à la maison - surtout si elle a une activité professionnelle très valorisante.

. Un déménagement juste avant la naissance du bébé si la jeune mère ne connaît pas son nouveau quartier et n'a plus son réseau d'amis.

. Des tensions économiques et professionnelles, surtout si la femme doute de son aptitude à reprendre son travail, si le père est au chômage ou menacé de licenciement, ou si la situation financière du couple était déjà précaire avant l'arrivée du bébé.

Des réactions négatives du père : Si le père est trop perturbé, surtout s'il semble jaloux ou frustré, cela peut exacerber le sentiment de fragilité et l'insécurité de la mère.

Les traitements :

L'important est de pouvoir appeler au secours avant de sombrer dans la véritable dépression. Il faut donc utiliser tous les moyens disponibles pour surmonter l'inquiétude et la mélancolie.

L'organisation (indispensable)

.Créer un "réseau de soutien" avant l'accouchement : C'est la famille et les amies qui peuvent non seulement donner un coup de main mais, surtout, apporter une attention particulière à la jeune mère, lui donner l'impression d'être entourée et choyée.

. Déléguer un maximum : à son conjoint, à sa famille, à son "réseau de soutient". Organiser à l'avance un calendrier des taches ménagères, des activités pour les aînés, de l'aide pour les heures de repos. Demander des heures de baby-sitting ou un repas préparé à la maison (marché et vaisselle inclus !) plutôt qu'un autre pyjama comme cadeau de naissance.

. Au début de chaque journée, établir un programme simple qui comprend une ou deux heures de temps pour que la mère s'occupe d'elle et une ou deux heures en compagnie d'un autre adulte. Ne pas se fixer plus de deux objectifs par jour en plus des soins du bébé.

. Éviter de répéter au père "tu ne m'aides jamais". Attirer plutôt son attention sur le plaisir qu'il apporte en aidant. Lui confier des taches simples, précises, et surtout, quitter la pièce plutôt que le critiquer.

. Résoudre les problèmes un par un, chaque solution augmentant le sentiment de confiance en soi.

Le repos : En temps normal, la plupart des femmes ont besoin de 4 à 5 cycles complets de 90 minutes de sommeil pour se sentir en forme. En cas de maladie ou de convalescence (la période postnatale est un temps de convalescence), nous avons besoin de plus dormir car le système immunitaire s'active au maximum pendant le sommeil. Or, une jeune mère qui est réveillée deux ou trois fois dans la nuit ne pourra pas compléter des cycles de sommeil entier et va donc souffrir d'un manque de sommeil - même si elle dort au total autant d'heures qu'avant sa grossesse. Il est donc impératif de se créer des créneaux suffisamment longs dans la journée pour dormir un cycle continu (de préférence deux siestes pas jour au début). Cela demande donc de :

. Tout laisser tomber dès que le bébé dort afin de se reposer. Le ménage, la cuisine, les visites - tout passe en second.

. Prévoir d'avance de l'aide pour les temps de repos : la nuit, une nuit sur deux, ou même quelques heures chaque après-midi.

. Se coucher très tôt. Au bout de six semaines, commencer à rétablir l'équilibre des forces. Tenter progressivement d'établir un emploi du temps plus précis. Essayer d'apprendre au bébé à dormir de manière continue au calme, dans son berceau, en évitant les petites sommes dans la voiture ou en promenade qui sont souvent des siestes trop courtes. Essayer d'apprendre au bébé à s'endormir seul pendant la journée (cela demande souvent une période d'apprentissage durant laquelle le bébé va pleurer un peu avant de s'endormir). Il fera plus facilement des nuits complètes s'il sait comment s'y prendre.

Attention, de nombreuses femmes ressentent un "coup de barre" entre la 8e et la 10e semaine après l'accouchement en raison de l'accumulation du manque de sommeil. C'est le plus souvent la période pendant laquelle les idées noires affluent.

La récréation : Pour une fois, elle est tout aussi importante que le travail.

. Programmer une activité récréative par jour : si possible sans le bébé.

. Planifier à l'avance au moins trois sorties par mois avec le père : sans le bébé.

. Essayer d'organiser des activités avec des amies qui ont aussi des jeunes bébés afin de mieux se relayer: aller ensemble à la piscine - l'une peut surveiller les bébés pendant que l'autre fait des longueurs. Ou bien, sortir à deux acheter des vêtements: l'une peut surveiller les bébés pendant que l'autre est dans la cabine d'essayage.

Le contact avec le monde extérieur

. Essayer de lire le journal ou de regarder les informations chaque jour.

. Rencontrer des amies qui parleront d'autre chose que la maternité.

. Suivre des cours de remise en forme postnatale en groupe, chez une sage-femme, dans un centre sportif ou à la piscine.

Les médecines alternatives : Avant de faire appel aux calmants et aux antidépresseurs, il existe de nombreux moyens pour aider la jeune mère retrouver son énergie et son bon moral. Elles se basent toutes sur une conception "holistique" du corps, c'est à dire globale, donc d'une vision de la femme dans sa totalité. L'énergie est définie comme une force émise lorsque le corps et l'esprit sont en harmonie. Un accouchement va inévitablement bouleverser cette harmonie qui doit donc être rétablie.

. L'énergétique chinoise : l'acupuncture et le shiatsu, pratiqués par des spécialistes ayant reçu une formation sérieuse (3 à 5 ans), peuvent avoir un effet considérable sur les pathologies du post-accouchement (troubles vasculaires - saignements, hémorroïdes, varices, lourdeurs de jambes - fatigue et troubles de rythmicité, poids - problèmes d'élimination par le foie, problèmes d'allaitement).

. Les thérapies manuelles : l'ostéopathie et l'étiopathie sont deux approches qui visent par des manipulations manuelles du corps à restaurer l'énergie vitale" qui existe lorsque les liquides organiques et influx nerveux circulent librement, et que les contraintes physiques de la charpente corporelle sont réparties correctement. Les thérapies manuelles sont particulièrement indiquées pour remettre en mouvement un corps bouleversé par l'accouchement.

. La nutrithérapie : Souvent, les médecins et sages-femmes oublient de rappeler aux jeunes mères qu'il faut impérativement continuer à prendre leurs compléments de vitamines et de fer pendant trois mois après l'accouchement. Les médecins spécialisés en nutrithérapie peuvent aussi prescrire des oligo-éléments et vitamines qui sont d'un grand soutien si le manque d'énergie provient de carences nutritionnelles.

. Les médecines douces: l'homéopathie, l'aromathérapie et la phytothérapie (les Fleurs du Docteur Bach) proposent toutes des traitements destinés aux jeunes mamans. Il est cependant vivement conseillé de consulter un médecin spécialement formé dans l'un ou plusieurs de ces domaines car chaque jeune mère présente un cas particulier.

. Toutes les techniques de gestion du stress : Yoga, sophrologie, relaxation. Il existe de multiples approches différentes selon les besoins et la personnalité de chaque femme. Le temps qu'elle prendra pour suivre ces cours sera un moment privilégié pendant lequel la jeune mère s'occupera de son corps et de son esprit. Son bébé et son entourage seront les bénéficiaires directes d'une maman plus détendue et heureuse.


La dépression postnatale (dépression post-partum)

Fréquence dans la population : une femme sur 10.

Date d'apparition des symptômes : à tout moment au cours de la première année après l'accouchement. 50% des dépressions se déclarent 2 semaines après l'accouchement. 15% se déclenchent entre 2 et 6 semaines après l'accouchement. Et le reste au moins trois mois après la naissance.

Durée : sans traitement, elle peut perdurer des années.

Symptômes :

. Crises d'angoisses (persuadée qu'un drame va se produire ou que le bébé est en danger), morbidité, engourdie (ne ressent aucune émotion envers le bébé).
. Culpabilisation excessive et irrationnelle au sujet de l'accouchement, de la réussite de l'allaitement, de l'apparence du bébé.
. Perpétuellement fatiguée, non soulagée par le repos.
. Insomnies, difficultés à dormir - nuits blanches mais continuelle envie de somnoler pendant la journée.
. Fatigue mentale : perte d'énergie, manque d'intérêt pour la vie courante.
. Pleure sans raison ou bien incapacité à pleurer malgré une forte envie.
. Oublis graves - même des soins du bébé - avec culpabilisation terrible (souvent au point de ne plus oser sortir de sa maison).
. Grosses difficultés à se concentrer, état de détresse qui affecte négativement toutes ses réactions.
. Manque total de confiance en elle (peut penser continuellement qu'avoir eu ce bébé était une erreur), inhibition à l'action - comme paralysée.
. Se sent abandonnée, jugé, critiquée, mal aimée, jalouse des autres mères qui semblent mieux s'en sortir - coupée du reste du monde comme par une vitre.
. Colères incontrôlées (surtout chez les femmes qui semblaient tout maîtriser), peut exprimer son désarroi par des gestes brutaux envers le bébé ou ses aînés.
. Attitude obsessionnelle ou bien indifférente envers la nourriture.
. Perte complète de libido.

. Symptômes physiques: palpitations, difficultés à respirer, chute de cheveux par plaques, courbatures et crampes, somatisation excessive.

Les causes:

Une prédisposition : Nombre de femmes qui font une dépression postnatale ne présentent aucun antécédent apparent de maladie psychologique. Toutefois, une dépression postnatale lors d'une précédente naissance, des antécédents de troubles psychologiques, une grossesse difficile, une PMA (procréation médicalement assistée) mal vécue, des antécédents héréditaires, sont toutes des raisons d'envisager avec son médecin un traitement préventif soit pendant la grossesse, soit immédiatement après l'accouchement.

Les Causes biochimiques : Comme pour le "Baby Blues" et pour la "déprime," la chute brutale des taux d'hormones de la grossesse peut être très mal vécue par certaines femmes. L'état physique et nerveux d'une jeune mère influencera directement la production d'hormones et sa façon de réagir à la chute hormonale.

Les Causes émotionnelles :

. Une mauvaise réaction à l'accouchement : la déception si l'accouchement ne s'est pas déroulé comme prévu, le sentiment d'être déstabilisée par la perte de contrôle et d'impuissance - peut, en combinaison avec d'autres facteurs comme l'isolement et les difficultés matérielles, mener à une dépression.

. Le passé psychologique de la mère : des difficultés dans le couple, des rapports tendus avec sa famille (en particulier avec sa propre mère), un deuil non résolu (divorce, perte d'un parent), des traumatismes durant l'enfance ou l'adolescence peuvent refaire surface en cette période postnatale lorsque la jeune mère est particulièrement sensible.

. Des facteurs externes tels que l'isolement, des difficultés matérielles, le manque de réseau de soutien, le sentiment de perdre son identité en temps que femme.

. Un bébé difficile qui pleure beaucoup, dort peu ou a des problèmes de santé.

Traitements :

Quand faire appel à un spécialiste ?

. Six semaines après l'accouchement, la situation va en s'empirant: elle est toujours aussi fatiguée, déprimée et débordée.
. Les symptômes commencent à entraver le déroulement de sa vie quotidienne.
. Ayant essayé des traitements non-médicaux pendant au moins 10 jours, les symptômes de dépression continuent à la submerger.
. Une personne qu'elle estime et qui la connaît bien lui conseille de consulter un médecin.
. Elle n'arrive plus à s'occuper du bébé ou d'elle-même.
. Elle a peur de se faire mal ou d'en faire à son bébé.

. Elle montre des signes d'anorexie ou de boulimie.

Qui consulter ?

Malheureusement, dans 40% des cas, la dépression se déclenche après la visite postnatale qui a généralement lieu 6 semaines après l'accouchement. Le dépistage est aussi compliqué par le fait que le traitement de la dépression postnatale exige des connaissances provenant de plusieurs disciplines : la psychiatrie, l'obstétrique, l'endocrinologie, la médecine générale….

Aujourd'hui encore, de nombreux médecins ne reçoivent pas la formation psychiatrique appropriée pour savoir identifier les symptômes de la dépression postnatale qui peut se masquer derrière des symptômes physiques (mal de dos, troubles digestifs, insomnies) ou, parfois, par une transposition du mal sur l'enfant. Pour ces raisons, il est important de persister à trouver un médecin qui ne semble pas banaliser la gravité de la situation.

Le conjoint peut jouer un rôle très important à ce stade, premièrement en remarquant les symptômes inquiétants, puis en aidant la jeune mère à trouver un avis médical approprié.

L'idéal est une approche combinée :

1 - Un traitement médical,

2 - Un traitement psychothérapeutique,

3 - Un traitement de médecine holistique (médecines douces, thérapies manuelles, sophrologie ou autres techniques de relaxation, nutrithérapie) pourra accélérer le processus de guérison et permettre au corps de mieux réagir aux médicaments classiques, afin d'en consommer en moindre quantité.

L'action est en elle-même thérapeutique ; il ne sert à rien de se culpabiliser sans essayer de changer la situation.

Le traitement médical

Les antidépresseurs : La recherche médicale dans ce domaine étant en évolution constante, les antidépresseurs ont déjà bénéficié de trois "générations" successives. Ils agissent en corrigeant les processus chimiques du cerveau. Leur effet est lent (il faut parfois attendre trois semaines pour sentir un résultat) mais probant. La durée du traitement (qui se fait sous la surveillance continue d'un psychiatre) varie d'un individu à l'autre, mais il est souvent conseillé de continuer le traitement 4 à 6 mois après la disparition des symptômes. Plusieurs essais de médicaments seront peut-être nécessaires avant de trouver le traitement efficace.

Les anxiolytiques : Ils permettent de surmonter des crises d'angoisse et de se détendre (certains ont un effet sédatif). Ils ont l'avantage d'agir de façon immédiate mais peuvent créer une dépendance. Pour cette raison, ils sont rarement prescrits plus de 3 mois.

Toutefois, il est important de noter que les anxiolytiques et les calmants agissent en supprimant les symptômes mais ne les guérissent pas.

Un traitement psychothérapeutique associé est donc essentiel.

Le traitement psychothérapeutique

Il doit absolument aller de pair avec la prise de médicaments. Il existe toutes sortes de psychothérapeutes, mais dans le cas d'une maladie telle la dépression postnatale, il est recommandé de consulter un professionnel du domaine médical qui aura une formation de psychiatre, de psychanalyste ou de psychologue clinicien.

Il est normal et courant de rencontrer plusieurs psychothérapeutes avant de choisir celui avec lequel on puisse établir une relation de confiance.

A aucun moment la patiente doit-elle se sentir mal a l'aise, traitée avec condescendance ou incomprise.


La psychose puerpérale

Fréquence dans la population : une femme sur 1000.

Date d'apparition des symptômes : dans 50% des cas, immédiatement après l'accouchement. Les reste généralement dans les deux premières semaines après l'accouchement.

Durée : environ 11 semaines (si elle est traitée).

Symptômes :

. Chaos émotionnel si sévère qu'elle ne peut plus dormir.
. Pertes de mémoire.

. Hallucinations, désillusions, entend des voix qui l'incitent à maltraiter son bébé ou à se faire du mal (peut mener jusqu'à l'infanticide ou le suicide).
. Très agitée, prise de panique.
. Rituels obsessionnels (se laver les mains, nettoyer la maison).
. Ne réalise pas qu'elle délire (parfois ne réalise pas qu'elle vient d'avoir un bébé).

Traitements :

Prise en main immédiate par un hôpital psychiatrique (il existe maintenant en France des hôpitaux qui proposent des unités d'accueil spécialisées maman-bébé).

La majorité des mères s'en remettent complètement grâce à un traitement comprenant des antidépresseurs, des anti-délirants et des calmants, ainsi qu'un traitement psychothérapeutique.